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Nom du blog :
textesjpb1
Description du blog :
Récapitulatif de mes articles et divers.
Catégorie :
Blog Société
Date de création :
27.10.2016
Dernière mise à jour :
14.07.2021
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et oui, c'est l'esclavage,un rapport de force violent entre les sans rien et les nantis voleurs et exploiteurs
Par Eunuque , le 23.09.2019
Jeux d'eau, jeux de lumière.
Rêveries océaniques.
Un poète a dit : "Il me faudrait dix vies, de deux cent cinquante ans et des journées de soixante heures !"; je pense comme lui.
A moi aussi il me faudrait autant de temps pour arriver à transmettre tout ce que je sens. Prendre de la vie tout ce qu'elle peut donner ! Vivre toutes les minutes qu'elle nous offre ! Ah, le beau tableau que je voudrais peindre !
LA MER ! les poètes l'ont chantée, les écrivains l'ont décrite, mais je ne la retrouve nulle part complètement ! Chacun à la mer qu'il mérite, je crois... Mêmes les meilleures photographies sont décevantes, et les films...
Tout est dans le mouvement, le bruit, la couleur, le jeu de la lumière et de l'âme...
Mes chères marches, au creux des rochers, que je vous dois d'heures de paix !
Chaque vague roule un peu plus loin sur les galets, l'eau est transparente et l'on ne suit son mouvement que par celui des graviers qui, remués en tourbillons, font un petit nuage trouble, puis se reposent, tout brillants d'eau et plus serrés qu'avant.
Puis, toutes les trois ou quatre vagues, l'une, plus forte, heurte le premier rocher et l'écume jaillit, retombe. L'eau remplis un petit creux, un peu surélevé, comme un bénitier. Dès le mouvement apaisé la conque se vide, en filets d'eau claire, puis tout recommence. Bientôt, une autre marche est mouillée, puis, peu à peu, recouverte, jusqu'à la grande dalle formant palier... C'est en morte-eau.
Mais il faut voir l'escalier en période de vive-eau !
Quand le vent vient de l'ouest, ce n'est qu'un jaillissement ! et l'eau est si verte, d'un doux vert amande, en transparence lorsqu'un vague se soulève puis brusquement, dans les creux, d'un vert Véronèse qui vire au bleu nuit. Et par là-dessus une écume blanche et mouvante, et chantante, et hurlante qui lave hardiment les rochers décolorés ! Ceux-ci, sous l'ondée, tournent de l'ocre clair au brun chaud, couleur des algues.
Quelle fête pour les yeux, les oreilles, l'âme entière ! Je ne peux m'empêcher de rire, d'une joie complète et bienfaisante, à chaque grand choc entre la mer et la terre. Le soleil, s'il brille, paillette d'argent le tableau vert et, vers le soir, c'est un jeu d'or et de pourpre avec des violets dans le lointain, du côté du Guildo et de Fréhel.
Et les contre-jours sur les forts ! Le National, les Bés, Harbour, la Conchée, lorsque, sur la mer si calme et si douce le soleil met un reflet de métal fondu.
Dinard, Saint-Lunaire, Saint-Cast, Saint-Jacut, Saint-Briac, autant de pointes sombres qui bornent l'horizon. Les châteaux de rêve se détachent en ombres médiévales sur la lumière de la baie, tableau des soirs d'été... Calme et repos qui précède la nuit. A peine, sur les bords, un léger friselis qui borde l'eau d'une mince frange blanche en roulant sur le sable... la mer chante une berceuse pour les terriens endormis.
Le matin nous réveille avec des chocs sauvages, des heurts de bélier, des gémissements et, jusqu'à l'horizon, sur l'eau intensément verte, l'écume jaillit de partout. La marée monte, le vent est de terre, et de leur choc naît un spectacle grandiose !
Avant de recouvrir chaque écueil, chaque rocher, chaque île, la mer leur fait une parure de plumes, des gerbes jaillissantes qui semblent, de loin, des voiles éphémères. Dieu que c'est beau !
Si le ciel est brumeux, tout est gris-bleu, discret, mais qu'un rayon de soleil apparaisse, toutes les nuances chantent dans l'air plein d'embruns.
J'écrirais jusqu'à demain, j'écrirais sans fin... les mots viennent, magiques... je voudrais tout noter, de crainte d'un oubli qui gommerait un détail, un reflet, un éclair...
Mais vous seriez déçus ! MA mer n'est pas VOTRE mer, et vous la voyez sans doute autrement...
Et de la maison, Chaussée du Sillon, le regard qui, d'un coup, découvre tout cela, des remparts à Paramé, et la vie, calme et douce, qui se déroule au rythme des ferries qui rentrent ou qui sortent de l'écluse.
Il reste encore le port, les bassins, les bateaux et la ville, les remparts, les forts et les marins... et les vieilles maisons, les lueurs dans la nuit, et jusqu'au bruit du vent, et l'espoir, sans cesse renouvelé du retour, dans ce pays qui n'est pas celui de ma naissance, mais que j'ai approché, et qui m'a adopté... mon pays... qui qu'en grogne !
Chateaubriand avait à coup sûr ressenti tout cela, pour avoir voulu qu'on place sa sépulture en plein rocher, sur le Grand Bé, devant la mer et face au vent.
Toujours j'ai voulu savoir ce qu'il y avait au-delà de la ligne d'horizon, rêvant devant les fenêtres ou stationnant sur la digue. Combien de fois ai-je arpenté le port, approché les bateaux de commerce, de pêche ou de plaisance ! Combien de fois ai-je rêvé que j'embarquais sur le Bélem lorsqu'il taillait sa route, déjà au large, dans la baie de Saint-Malo !
Port de corsaires, tels que je les imaginais, et pays de Robert Surcouf et de ses hommes, arraisonnant les vaisseaux, sautant sur leurs ponts à l'abordage, le sabre à la main et le cri à la bouche, et qui revenaient au port pour y faire liesse et bombance dans les tavernes intra-muros de la vieille ville.
Port de découverte aussi, avec entre autres Jacques Cartier, enfant du pays, qui découvrit le Canada.
Comment voudriez-vous que je n'aie pas eu envie de devenir marin ?
Ce rêve est devenu réalité ! il s'est accompli, concrétisé, et j'ai navigué autour du monde, sur toutes les mers et tous les océans, avant de revenir "plein d'usage et raisons, vivre entre mes parents le reste de mon âge" comme a dit le poète.
Mais, pour une grande partie, le désir, la vocation, me sont venus de Saint-Malo, perle de la mer.
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