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Nom du blog :
textesjpb1
Description du blog :
Récapitulatif de mes articles et divers.
Catégorie :
Blog Société
Date de création :
27.10.2016
Dernière mise à jour :
14.07.2021
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et oui, c'est l'esclavage,un rapport de force violent entre les sans rien et les nantis voleurs et exploiteurs
Par Eunuque , le 23.09.2019
Préhistoire.
Comme quoi... l'imagination !
La journée s'achevait. On ne devinait plus que les derniers ormes qui se silhouettaient de chaque côté du chenal, la brume du soir tombait, noyant les bords de la Rance que nous suivions dans ses méandres, brume grise à l'est mais dorée et lumineuse vers l'aval où le soleil devait se coucher sur une mer brillante, où nous l'admirions si souvent et qu'on aurait presque pu deviner pour peu qu'une brise chasse l'ombre naissante.
Tout était calme, doux, comme ouaté par le brouillard s'épaississant de minute en minute. On respirait l'haleine humide des eaux stagnantes sur les marais, dans chaque repli de la berge que nous frôlions par moment.
On rêvait de forêts inviolées, de terres vierges... Etait-ce la pénombre ? étaient-ce les odeurs ? ou le cercle étréci qui limitait la vue ? C'était plutôt, sans doute, l'étendue marécageuse dans laquelle le bateau glissait sans bruit. Et des ombres passaient, à fleur d'eau : mouettes, échassiers à la pêche, presqu'invisibles mais présents.
Atmosphère étrange, prenante à la fois et inquiétante... Rien de plus isolant que le brouillard : on se croit seul et loin de tout quand il nous enferme dans son filet.
C'est là que, scrutant la pénombre, dans un demi-rêve, nous découvrîmes une chose innommable, jaunâtre, immobile qui semblait nous guetter, un cou qui paraissait immense, surmonté d'une tête petite, aux angles aigus qui approchait.
Moments d'appréhension, d'angoisse... la peur vous tient à la gorge et l'esprit cherche une explication mais se fige : quelle est cette bête monstrueuse tapie dans la vase et qui guette notre passage ? Le cou est hérissé d'une crête dentelée, la tête nous fixe, grise et floue dans la brume. Quelque être préhistorique qui subsiste dans ces profondeurs fangeuses...
Mais, nous, qui sommes-nous ? où sommes-nous ?
Dans cette ambiance humide et sombre, dans cet enfermement, au centre de cette nature invisible et grouillante, avons-nous quitté notre temps ?... sommes-nous remontés vers les ères perdues jusqu'à rejoindre les monstres broutant des fougères géantes ? Les yeux agrandis, l'esprit perdu, l'imagination galopante, un reste de raison nous force... essayons de comprendre, de deviner.
Voyons, pensons clairement : je suis là, tu es là, nous sommes ensemble, partis pour une petite promenade sur la Rance... la Rance, elle existe, nous venons de Dinan, nous allons vers Saint-Servan... nous avons fait dix fois ce petit voyage...
Que nous arrive-t-il aujourd'hui ? un rêve ? un cauchemar ? Il faut nous réveiller, sortir de ces voiles gris et mouillés, mais cette bête affreuse qui nous suit de son regard vide...
Il a fallu un coup de vent subit et violent, une brusque bourrasque venue de la mer pour nous rendre l'esprit clair et le bon sens : la bête immonde et bizarre, jaune et hérissée, vous en voyez tous les jours d'automne dans les champs de Beauce ou de Bretagne où les prés sont proches des rives : un élévateur à maïs, une ensileuse... ces machines à long col qui déversent tout le jour leurs moissons de grains dorés dans les camions qui les suivent !
Celle-ci rêvait sans doute, dans le brouillard de sa journée achevée.
Pas de bête surprenante, rien que de l'imagination...
Dommage, peut-être....
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